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Généalogie de bourreaux dynastiques: la famille Sanson

En ce jour de fête nationale, je vous propose de découvrir l'histoire familiale de Charles Henri Sanson, bourreau tristement connu pour ses deux mille quatre cent dix-huit exécutions et son usage intensif de la guillotine pendant la Terreur ! Charles Henri Sanson est né le 15 février 1739 à Paris. Il fait partie d'une dynastie de bourreaux, exerçant la charge "d'exécuteurs des Hautes Œuvres" de Paris depuis 1688 et ce jusqu'en 1847.



  1. Charles Louis Sanson

L'arrière-grand-père de Charles Henri, Charles Louis, est le premier bourreau de la famille. Originaire d'Abbeville, il serait né vers 1645. Il épouse Marguerite Jouënne en 1678. Cette dernière est la fille de Pierre Jouënne, bourreau de Rouen, qui l'embauche comme aide bourreau. Peu de temps après le décès de son épouse, il part vivre à Paris, et il est nommé bourreau de Paris par arrêt du 11 août 1688. Il démissionne en 1699, remplacé par son fils Charles, et il se remarie avec Jeanne Renée Dubut. Il décède le 7 avril 1707 et est inhumé dans l'Aisne à Condé sur Brie.


2. Charles Sanson


Le grand-père de Charles Henri, Charles, nait en 1681 à Rouen. Tout d'abord aide bourreau à Pontoise, il prend officieusement la suite de son père en 1699, comme bourreau de Paris, avant d'être officiellement nommé en 1707 par lettres de provision. Il est notamment connu pour avoir exécuté le brigand Cartouche, en 1721. Il épouse le 2 mai 1707 à Paris Anne Marthe Dubut, qui n'est autre que la sœur de la seconde femme de son père. Le couple aura trois enfants, dont Charles Jean Baptiste, dont on parlera plus bas, Anne Renée, qui épouse Chrétien Zelle, bourreau de Soissons, et Nicolas Charles Gabriel. Ce dernier, bourreau de Reims, épouse Marie Martine Hébert, avec laquelle il aura un fils, Jean Louis, qui deviendra également bourreau de Reims. Charles est inhumé le 12 septembre 1726 à Paris. Il est connu pour sa charité et sa participation à des œuvres de bienfaisance.


3. Charles Jean Baptiste Sanson


Le père de Charles Henri, Charles Jean Baptiste, nait le 19 avril 1719 à Paris. Il est nommé maître des Hautes Œuvres de Paris au décès de son père. Etant donné qu'il n'a que sept ans, une régence est mise en place en attendant qu'il puisse prendre pleinement possession de ses fonctions. Ainsi, se succèdent comme régent Georges Hérisson, bourreau de Melun, et François Prudhomme, grand spécialiste de la torture, qui deviendra le second mari de sa mère. Tout le temps de cette régence, malgré son jeune âge, Charles Jean Baptiste doit assister à toutes les exécutions. En janvier 1754, sans que l'on sache pourquoi, il devient paralysé, perdant l'usage de ses jambes. Il épouse en premières noces Madeleine Tronson, avec laquelle il a trois enfants, dont Charles Henri, qui suit. Une de leurs filles, Madeleine Claude Gabrielle, épousera Pierre Hérisson, bourreau de Melun. Charles Jean Baptiste épouse en secondes noces Jeanne Gabrielle Berger, fille du bourreau de Sens et petite-fille du bourreau d'Etampes. Ils auront dix enfants, dont Nicolas Charles Gabriel, bourreau de Blois puis de Montpellier, Louis Charles Martin, bourreau de Tours et d'Auxerre, et Louis Cyr Charlemagne, bourreau de Provins et de Versailles. Leur fille Elisabeth épouse Pierre François Verdier, bourreau de Poitiers, et Marie Josèphe épouse un de ses cousins Sanson, bourreau de Reims. Charles Jean Baptiste décède le 4 août 1778 à Paris.


4. Charles Henri Sanson


Charles Henri, "le grand Sanson", nait le 15 février 1739 à Paris. Malgré sa réticence initiale, il prend la suite de son père comme bourreau de Paris. Il est le premier à utiliser la guillotine, pour l'exécution du criminel Pelletier en 1792. Il exécutera en tout deux mille quatre cent dix-huit personnes dans sa carrière. Cette dernière fut évidemment marquée par la Terreur, pendant laquelle il guillotinera des personnages illustres, tels que Louis XVI, Marie Antoinette, Charlotte Corday, Robespierre, Danton, Mme du Barry, et deux de mes aïeux au passage ! Charles Henri se marie avec Marie Anne Jugier, avec laquelle il aura deux fils. C'est le second fils du couple qui est destiné à prendre la suite de la "charge" familiale, mais Gabriel, né en 1769, meurt accidentellement alors qu'il est en train de montrer une tête coupée à la foule en 1792. Il chute malencontreusement de l'échafaud... C'est donc Henri, le fils aîné qui prendra la suite de son père après sa mort, le 4 juillet 1806.


5. Henri Sanson


Le fils de Charles Henri, Henri, nait le 24 décembre 1767 à Paris. En parallèle de sa fonction de sergent puis capitaine de la Garde Nationale de Paris, il lui arrive d'assister son père dans son travail. Il reprend officiellement la charge de bourreau de Paris au décès de ce dernier. Il épouse Marie Louise Damidot le 2 juin 1798 à Paris, avec laquelle il aura quatre enfants, dont Henri Clément, qui suit. Une de leurs filles, Marie Gabrielle, épouse Claude Antoine Chrétien, bourreau de Lyon. Henri décède le 18 août 1840 à Paris.


6. Henri Clément Sanson


Le petit-fils de Charles Henri, Henri Clément, nait le 27 mai 1799 à Paris. Il est le dernier bourreau de la dynastie. Il reprend la charge de son père à son décès. Il épouse Virginie Emilie Lefébure avec laquelle il a trois enfants. De 1840 à 1847, il n'effectue "que" dix-huit exécutions et occupe le reste de son temps à fréquenter les casinos, où il accumule des dettes. En 1847, pour les rembourser, il met en gage son outil de travail, la guillotine ! L'Etat doit la racheter, pour environ quatre mille francs, et s'empresse de relever de ses fonctions Henri Clément, le 18 juin 1847, mettant fin à une impressionnante dynastie de bourreaux ! Il est remplacé par Joseph Heinderech, fils du bourreau de Macon. Il décède à Paris le 25 janvier 1889.


Le bourreau sous l'Ancien Régime:

Cette présentation de la dynastie des Sanson nous pousse à aller plus loin pour comprendre ce que représentait la vie de bourreau au quotidien, de manière générale. Le bourreau est un homme de classe sociale défavorisée. Il y a pu y avoir quelques rares bourrelles, qui se chargeaient des peines infligées aux femmes. Le bourreau ne doit pas être un religieux mais doit être chrétien. Il doit porter un signe distinctif au quotidien sur son habit (insigne représentant une échelle ou un gibet). Le jour des exécutions, le boulanger lui réserve un pain, qu'il met à l'envers pour qu'il puisse l'identifier, que personne d'autre n'osera toucher sous peine de risquer une malédiction ! Haï et redouté, au contact du sang qui a une connotation impure, toute denrée doit être nettoyée après son passage. Très mal vu par la société, l'exécuteur des Hautes Œuvres vit souvent à l'écart de la ville. Ses enfants ne peuvent pas être scolarisés avec les autres, limitant de fait l'accès pour ces derniers à un autre métier, d'autant plus que la charge devient héréditaire dès le XVème siècle. Il bénéficie de certains "privilèges": exemptions d'impôts et droit de havage (1), mais on peut aisément imaginer que cela ne compense pas toutes les contraintes énoncées plus haut. Tout cela les pousse à vivre entre eux, ce qui explique les nombreux mariages entre dynasties d'exécuteurs des Hautes Œuvres. Chez les Sanson, cela est flagrant, les hommes sont tous bourreaux et épousent presque tous des filles de bourreaux, et les femmes épousent toutes des bourreaux...


(1) le droit de havage ou droit de havée: droit de prélèvement, réservé aux bourreaux, de toute denrée alimentaire se vendant au marché, autant que sa main peut en contenir


Sources:

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