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Les signatures dans les actes


Au cours de mes nombreuses recherches généalogiques, feuilletant des centaines d'actes d'état civil, de registres paroissiaux ou d'actes notariés, j'ai pu constater que les protagonistes ou témoins ne les signaient pas toujours. Dans la plupart des cas, le curé, l'agent d'état civil ou le notaire indiquent dans l'acte, après le nom de la personne, "déclare ne pas savoir signer", "ne sait signer" ou encore "ne peut signer".


Le fait de signer étant étroitement lié au fait de savoir lire et écrire, cela permet ainsi de déduire par le biais des actes le niveau d'éducation de nos aïeux. A partir des années 1865-1870, cette information est facilement accessible pour les hommes, en consultant leur registre matricule militaire, puisque le niveau d'instruction y est côté de 0 (analphabète) à 5 (diplômé). Une enquête de Louis Maggiolo de 1877 à 1879, basée sur des actes de mariage sur plusieurs époques, permet d'établir des statistiques sur une population âgée de 25 à 30 ans en moyenne. On estime alors que vers 1690, 21% des français savent lire et écrire. Le pourcentage monte à 37% au moment de la Révolution et atteint 72% vers 1875. Les différentes études sur le sujet (Maggiolo puis Dupin), mettent en évidence une fracture nationale Nord-Est / Sud-Ouest dans les taux d'alphabétisation, le Nord-Est étant considéré comme globalement "instruit", et le Sud-Ouest comme globalement "inculte".


Que puis-je donc en déduire pour mes aïeux Serre(s), famille protestante originaire des Cévennes ?


Avant 1685, on ne voit pas de signatures de membres de la famille Serre sur les actes retrouvés. Dans la retranscription du testament de Guidon Serre, fustier, en 1597, il est indiqué que ses témoins, qui sont fustiers ou cordonniers, sont illettrés; il est difficile d'en déduire une certitude pour Guidon, pour lequel rien n'est précisé. Dans d'autres actes ultérieurs concernant la famille Serre, dans les registres protestants, l'acte est établi, éventuellement signé par le Pasteur mais non par les personnes concernées par l'acte.


Cela change après la conversion de Jean et Antoine Serre au catholicisme. En 1685, dans les registres paroissiaux de Sumène, on peut trouver leur acte d'abjuration, qui est signé par les deux hommes. Les signatures sont fluides et en écriture cursive, ce qui semblerait indiquer une habitude régulière d'écriture, hypothèse corroborée par le fait qu'Antoine est docteur en droit, donc instruit.



On trouve ensuite un acte datant de 1699, pour le baptême catholique de Marie Serre à Sumène, que signe son père Antoine.



Grâce aux actes, on peut également constater que l'instruction dans la famille Serre n'est pas qu'une affaire d'hommes. En effet, Antoine semble vigilant à l'éducation de ses filles  puisque l'on peut remarquer que Suzanne signe son propre acte de mariage en 1713 (en jaune), juste au-dessus de sa mère Suzanne Molin (en bleu).

 


On peut y constater par la même occasion l'évolution de la signature d'Antoine entre les deux actes ci-dessus, de "Serres" en "Serres de St Roman (en vert).


Sources:

  1. Archives départementales du Gard, Sumène, registres paroissiaux, paroisse Notre-Dame, 1674-1691, cote 5 Mi 38 601

  2. Archives départementales du Gard, Sumène, registres paroissiaux, paroisse Notre-Dame, 1697-1721, cote 5 Mi 38 602

  3. SAUZET Olivier, « Saint Roman de Codières à travers les archives, histoire d’un village cévenol XIIème-XVIIIème siècle », p.355

  4. Revue française de Généalogie, n°267, août-septembre 2023, "Nos ancêtres analphabètes?"

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