Lorsque nous commençons des recherches généalogiques, nous découvrons beaucoup d’éléments de la vie de nos ancêtres. Leur lieu d’habitation, le nombre de leurs enfants, leur métier, n’ont plus de secret pour nous. Nous souhaitons alors mettre un visage sur ces noms familiers, ce qui n’est pas toujours chose aisée. Les plus chanceux auront hérité de malles pleines de photos, plus ou moins bien identifiées, d’autres auront la chance d’avoir une vieille tante possédant tous les albums de famille, mais d’autres partent de zéro. Alors comment mettre un visage sur un nom?
Concernant nos ancêtres ayant vécu sous l’Ancien Régime et jusqu'à l’invention de la photographie, à moins d’avoir un aïeul notable ayant eu la joie de poser pour un illustre portraitiste, il n’y a quasiment aucune chance de trouver des "images" de nos ascendants. On peut toutefois trouver des descriptions physiques dans certains documents, avec parfois des détails tels que les fossettes, les cicatrices ou la couleur des yeux, qui permettent d'imaginer un peu plus le physique du personnage décrit. Malheureusement cela ne concerne souvent que nos aïeux masculins, les documents les plus précis et complet étant les documents militaires.
Parmi les documents contenant des descriptions physiques, on peut chercher tout d'abord dans ceux liés à la circulation des personnes:
Le passeport pour l’intérieur et pour l’étranger :
Des passeports étaient imposés aux mendiants et aux vagabonds sous l’Ancien Régime, pour circuler au sein du territoire français. A la Révolution, le principe de libre circulation des personnes fait supprimer cette obligation, qui est finalement rétablie par le décret du 2 octobre 1795 (10 vendémiaire an IV). Ce décret stipule que "nul en France ne peut quitter le territoire de son canton ou voyager sans être porteur d’un passeport que tout agent de la force publique a le droit de se faire présenter". Ces passeports contiennent une description physique de la personne. Toute femme voyageant seule possèdent son propre passeport, le cas échéant elle figure sur le passeport de l’homme qu’elle accompagne. Le passeport pour l’intérieur tombe en désuétude à partir des années 1860. On peut retrouver ces archives en série L des archives municipales, série M des archives départementales et sous série F/7 des archives nationales.
On peut également se tourner vers les archives militaires pour nos aïeux masculins:
Les registres matricules: instaurés en 1867, ils donnent une description physique précise du jeune homme appelé pour son service militaire : taille, couleur des cheveux, des yeux, forme du visage, du nez et tout autre caractéristique physique significative. Ces registres sont la plupart du temps numérisés voire indexés sur les sites des archives départementales.
Il existe aussi différentes listes de conscription, tirages au sort, etc... conservées aux archives départementales en série R, souvent moins descriptives que les registres de matricule militaire.
D’autres sources à ne pas négliger :
Les recensements : les recensements de l’année 1851 comportent deux rubriques qui peuvent apporter des informations sur le physique de nos aïeux, "maladies et infirmités" et "observations". On peut ainsi y découvrir des maladies ou infirmités héréditaires. A retrouver en série M des archives départementales.
Les registres d’écrou : si un de nos ancêtres a commis des actes répréhensibles et a fait un séjour en maison de correction, maison d’arrêt ou bagne, il est possible de retrouver sa trace dans les registres d’écrou, conservés en sous série 2Y aux archives départementales. On y trouve des descriptions physiques et des détails complémentaires, sur les tenues vestimentaires par exemple.
La presse : certains faits divers (crimes, accidents...) ou avis de disparition font l’objet d’articles souvent très détaillés, dans lesquels les divers protagonistes sont décrits de façon très précise ! On peut retrouver ces articles de presse sur les sites Retronews ou Gallica.
L’apparition de la photographie vers les années 1825 permet de figer dans le temps le visage de nos aïeux. Elle est d’abord réservée aux photographes professionnels, la photographie en amateur ne se développant que plus d’un siècle plus tard. Bien que les personnes aux revenus plus modestes n’aient pas eu recours régulièrement au service de photographes, il n’est pas rare qu’ils l’aient fait pour des grands événements de vie, tels que les mariages, les baptêmes ou encore les communions, à partir de la deuxième moitié du XIXème siècle.
Ces belles photographies sont souvent retrouvées dans des archives familiales, mais on peut chercher dans des archives publiques le visage de nos aïeux.
On peut tout d'abord chercher dans les archives militaires pour nos aïeux masculins:
Les dossiers de pension: si notre aïeul a été militaire de carrière, et ce pendant plus de vingt-cinq ans, un dossier de pension ou de retraite a pu être constitué. Cela peut être le cas aussi si notre ancêtre a été blessé, même s'il n'a pas été vingt-cinq ans dans l'armée. On peut y trouver des photos des futurs pensionnés ou retraités ! Ces documents sont à retrouver sur le site du Service Historique de la Défense (SHD), dans la sous série GR Yf. Ces dossiers ne sont pas numérisés mais on peut faire une demande de reproduction facilement via le site internet.
Les cartes d'anciens combattants: créées à l'issue de la première guerre mondiale pour indemniser ou aider financièrement les blessés de guerre, elle contient une photo d'identité de l'ancien soldat. Pour celles qui ont été conservées par les archives publiques, dans les cas de renouvellement ou de retrait, on peut les retrouver aux archives départementales en sous série 3R pour les cartes émises avant 1940 et en série W pour celles émises ensuite.
D'autres sources sont intéressantes à consulter:
La presse : notre ancêtre a pu faire parler de lui? Il est l'un des protagonistes d'un fait divers? Sa photo est peut-être dans la presse ! A chercher sur les sites de Gallica ou Retronews. Si notre aïeul a participé à la première guerre mondiale, il est intéressant de fouiller dans les publications de journaux comme "L’illustration" qui a publié des planches avec des milliers de photographies de jeunes militaires ou héros/héroïnes entre 1915 et 1919.
Les dossiers professionnels: des photographies sont souvent présentes dans les archives des dossiers professionnels, notamment ceux du monde ouvrier ou des grandes entreprises. Il est nécessaire de se rapprocher des archives nationales du monde du travail, ou des entreprises directement (archives de la SNCF, archives de la RATP...).
Demandes de naturalisation: outre les informations précieuses sur l’histoire des étrangers demandant une naturalisation, les dossiers comportent souvent des photographies des demandeurs, surtout après les années 1940. Ces dossiers se retrouvent aux archives départementales en série M pour les demandes antérieures à 1940 et en série W pour les demandes plus récentes.
Papiers d’identité: cartes d'identité et passeports: peu d’archives publiques sont conservées, mais il existe parfois de bonnes surprises avec des photos d'identité à la clé ! A chercher aux archives départementales en série M si les demandes sont antérieures à 1940 ou en série W si elles sont postérieures à 1940.
Autres sources à ne pas négliger:
Les pierres tombales: il n'est pas rare de retrouver des portraits des défunts sur leur pierre tombale, surtout pour les décès survenus dans la première moitié du XXème siècle.
Les photos de classe: les photos de classe sont courantes depuis la fin du XIXème siècle. Certains sites en ligne comme "Trombi" ou "Copains d'avant" peuvent permettre de retrouver des photos de classe, surtout après 1950. Sinon, le site du Musée national de l'Education de Rouen permet de consulter de nombreuses photos, en ligne ou sur place.
A faire pour nos descendants : ne pas oublier d’annoter toutes nos photos, papier ou numérisées ! Nos descendants généalogistes nous en seront éternellement reconnaissants !
Sources:
Revue française de généalogie, "Le physique de vos ancêtres", N°267, août-septembre 2023
Revue française de généalogie, "Les portraits de nos ancêtres dans les archives", N°257, décembre 2021-janvier 2022
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